DRAGUE

9 Françaises sur 10 préfèrent
que l’homme fasse le premier pas

En matière de séduction, 90 % des femmes en France préfèrent que ce soient les hommes qui fassent le premier pas. C’est ce que révèle une enquête de l’Ifop pour Love Advisor. Il semblerait que le mythe de « la galanterie masculine à la française » soit resté bien enraciné dans nos mentalités. La passivité féminine dans la drague séduit ainsi toujours, en cause : le manque de confiance en soi, ou encore la peur d’être jugée comme une « fille facile ». À quand une séduction plus égalitaire ?

La galanterie à l’ancienne séduit toujours

Beaucoup pensaient qu’en 2021, avec la déferlante des mouvements féministes notamment contre le harcèlement de rue et les redéfinitions de la notion de consentement, les hommes ne pouvaient plus draguer les femmes « comme avant ». On dirait bien que non. 9 Françaises sur 10 préfèrent que l’homme fasse le premier pas. Ce chiffre a même augmenté de 7 % depuis 1994.

C’est ce qu'affirme cette enquête de l’Ifop dévoilée le 9 septembre dernier. L’Ifop a interrogé 1001 femmes, hétérosexuelles, représentatives de la population féminine française et âgées de 18 ans et plus, afin de connaître leurs préférences en matière de séduction.

Résultat : la galanterie à l’ancienne a toujours ses charmes auprès de la gent féminine. 51 % des sondées pensent que c'est à l’homme de payer l'addition. 66 % trouvent normal qu’un homme tienne la porte à une femme lorsqu’ils entrent dans une pièce. Mais cette dernière affirmation est approuvée par seulement 43 % des moins de 30 ans. Il existe donc un léger écart générationnel.

« Cette évolution ne doit toutefois pas masquer les disparités qui émaillent l’opinion féminine : on constate ainsi un écart générationnel et social. Les trentenaires adhèrent davantage à la prise d’initiative féminine (84 %) que leurs aînées ou que les plus jeunes, généralement plus timides, car moins expérimentées (72 %) », nuance le rapport.

Timidité et manque de confiance en soi

À la question « De manière générale, trouvez-vous normal qu'une femme prenne l'initiative d'un rendez-vous amoureux ? » 77 % des femmes disent que oui. Cependant, pour encore 18 % des femmes, « une femme draguant un homme a quelque chose de déplacé » et près de la moitié (43 %) pensent que « c’est à l’homme de faire le premier pas. »

Une chose est sûre, 9 femmes sur 10 affirment avoir déjà dragué un homme ou une femme dans leur vie. Mais pour plus de la moitié, seulement de manière « indirecte » (un like sur Instagram, c’est de la drague détournée, par exemple). Pour la plupart, c’est une question de timidité, de manque de confiance en soi, pour certaines, une peur d’être rejetée. Et pour 34 % d’entre elles, c’est la peur d’être perçue comme une « fille facile ».

Partage de l’addition

Les avis sont un peu plus partagés en ce qui concerne le partage de l’addition. Une femme sur deux (51%) juge que c’est le rôle de l’homme de la payer lors du premier rendez-vous et tout autant estiment que c’est normal que les femmes paient lors du premier rendez-vous (49%). “Les Françaises expriment des opinions plus ‘conservatrices’ s’agissant du respect des règles de galanterie (...) Il existe ici un vrai ‘gap’ générationnel entre les jeunes plus émancipées, et les plus âgées très marquées par ces codes régissant les rapports hommes/femmes”, est-il noté dans l’étude.
Certaines idées remportent moins de suffrages mais témoignent quand même de l’état d’esprit conservateur de certaines femmes. 18% sont en effet d’accord avec l’idée qu’une femme draguant un homme a quelque chose de déplacé. Et 17% pensent qu’une femme qui prend l’initiative en matière de séduction ne cherche pas une relation sérieuse.

Toutefois, preuve de l’évolution des mentalités, une grande part de Françaises déjouent un peu les idées reçues. Deux tiers des femmes (63%) affirment avoir déjà fait le premier pas. Un tiers (35%) indique avoir déjà dragué un homme ou une femme qui leur plaisait dans une fête ou une soirée privée entre amis. Au total, neuf femmes sur dix (89%) ont déjà dragué une personne, quel que soit le lieu (fête, travail, internet, etc.).

Les bienfaits d’une séduction égalitaire

Il n’y a aucun mal à apprécier être séduite, c’est même tout à fait normal. Mais la séduction, entendue comme le fait de dévoiler ses désirs à autrui, ne devrait pas être réservée à un seul genre. Tout le monde devrait pouvoir exprimer librement et sans complexe ses envies, ses désirs.

En 2018, l’actrice et écrivaine Kate Neuman écrivait déjà sur le New York Times les bienfaits de la drague, lorsqu’elle est initiée par les femmes : « le fait de faire le premier pas, et plus généralement se libérer des poncifs de la séduction, peut permettre aux femmes d’être libres. » Elle soulignait que nous vivions toujours dans un système où en amour, c’est encore souvent aux garçons que revient la décision de prendre les devants.

« J'aimerais penser que les femmes sont de plus en plus à l'aise pour exprimer leurs propres désirs, qu'il n'y a plus besoin de permission. Mais le changement semble lent à venir », écrivait-elle.

Cette passivité féminine, conditionnée par un large système patriarcal tenace dans tous les aspects de nos vies, ici dans l’intimité de nos relations amoureuses, laisse un plus grand espace pour le narcissisme de l’homme et sa sensation de domination sur les désirs de la femme, et donc plus largement sur la femme. En ce sens, les femmes devraient reprendre le droit de dire « je veux » ou « je ne veux pas ».

Le point de vue de Louise Jussian de l’Ifop :

Loin d’être un sujet frivole, les comportements de séduction des femmes revêtent un véritable enjeu pour l’égalité des genres, et font apparaître le constat d’une société encore largement émaillée par un « sexisme bienveillant ». Cette étude nous révèle en effet que les normes de séduction sexistes sont encore ancrées dans l’imaginaire, y compris féminin. La « séduction à la française » incarnée dans les règles de galanterie semble encore occuper une grande place dans les représentations associées à la séduction, notamment dans les rapports hétérosexuels. Toutefois, à l’ère post #MeToo, une friction émerge entre une adhésion persistante aux règles désuètes de galanterie et les signes encourageants d’une prise en main féminine. Il est en effet davantage accepté qu’une femme fasse le premier pas, et elles sont près de deux tiers à l’avoir déjà expérimenté. À la pointe de cette vague d’empowerment féminin, les trentenaires, les femmes ayant le plus confiance en elles ou les plus féministes semblent porter un nouvel idéal de séduction plus égalitaire.

Et vous, quelle est votre relation à la galanterie masculine aujourd’hui ? Osez-vous draguer librement ? Venez en parler librement sur notre page Instagram @indiya.paris